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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 17:49

Voici les dernières évolutions de la situation des chrétiens prisonniers en Iran :

 

1. Madame Fatemeh Passandideh, l'épouse du pasteur Youcef Nadarkhani, arrêtée le 8 juin 2010,  a été condamnée à la perpétuité pour apostasie -c'est-à-dire un crime de pensée- par la 12ème Chambre de la Cour d'assises de Rasht. La sentence lui a été communiquée le 3 août dernier. Déférée à l’origine au tribunal révolutionnaire de Rasht, son cas aurait été transféré à une Cour d’assises pour des raisons que nous ignorons.

 

La Police Politique semble demander au pouvoir judiciaire en place de fonctionner comme une simple chambre d’enregistrement des décisions déjà prises à l’encontre des chrétiens par les agents du ministère des Renseignements. L’arrestation de Madame Passandideh, mère des deux enfants en bas âge,  visait au départ à accroître les pressions sur son mari, le pasteur Youcef Nadarkhani.

 

2. Le pasteur Youcef Nadarkhani a été arrêté  le 13 octobre 2009. Il  avait protesté contre la volonté du gouvernement iranien d'imposer une éducation islamique aux enfants chrétiens, et ce, au mépris de la Constitution iranienne et de l'article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui déclare que "Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants". Une fatwa de l'ayatollah Khamenei va officiellement dans le même sens[1].

 

Il est passé devant la 11ème chambre de la cour d’assise les 21 et 22 septembre dernier et il a été condamné à mort pour apostasie, selon un verdict communiqué verbalement à son avocat maître Sarbazi.

 

 3. Le pasteur Behrouz Sadegh-Khandjani est toujours dans le sinistre "plaque 100" prison de la Police Politique, à Chiraz. En dépit des requêtes de l'avocat maître Taravatrouy, le tribunal n'a toujours pas accepté de réactiver la caution de 150 millions de tomans, mise à la disposition de la "justice" pour sa libération.

 

Convoqué par la Police Politique afin de donner des explications sur les activités de l’Eglise, le Pasteur Behrouz Khandjani, Président du Conseil Pastoral de l’Eglise d’Iran s’est rendu quelques jours suivants, c’est-à-dire le 11 janvier  à Chiraz afin de donner des explications sur les activités de l’Eglise.  Il a été immédiatement arrêté en compagnie de deux autres chrétiens.

 

Ils avaient auparavant reçu à Téhéran l’assurance qu’il ne s’agissait que d’une "séance d’explications".

 

Libéré le 17 mars dernier sous une lourde caution, soit 1,5 milliards de rials, il a été réincarcéré le 16 juin dernier alors qu’il avait été convoqué officiellement pour "présenter sa défense".

 

Il se trouve désormais dans un cachot des services des Renseignements (la plaque 100). Il est actuellement sous le coup d'une condamnation à mort pour blasphème et atteinte à la sureté de l'Etat.

 

Le père de M. Sadegh Khandjani est mort en 1995 des suites d’une longue maladie provoquée par  l'agression d’un élément de la mosquée du coin au lendemain de sa protestation contre la violence perpétrée contre des vendeurs ambulants près de la place de Mairie à Rasht.  Il lui avait été aussi reproché de ne pas avoir perpétué l’islam. Il est donc reproché au pasteur Khanjani d’avoir quitté la religion de son grand-père alors que son père M. Mohammad Sadegh-Khanjani avait payé de sa vie "ce crime" de pensée.

 

Il est à signaler qu’arrêté il y a trois ans pour des raisons similaires, le révérend Sadegh Khanjani avait bénéficié d’un non-lieu.

 

Nous avons des signes de la dégradation de l’état de santé de M. Khandjani dû à des conditions hygiéniques extrêmes et à une intention délibérée de nuire à sa santé par des actes de torture. Nous rappelons à ce propos que lors de sa précédente détention, il avait été placé avec des personnes atteintes de Sida ou d’hépatite.

 

 4. Le pasteur Behnam Irani, ayant bénéficié récemment d'une libération conditionnelle, fait l'objet d'une convocation devant le tribunal révolutionnaire. Il a du s'y rendre en septembre. Nous sommes sans nouvelle de lui.

 

Selon nos informations sur la situation des prisonniers d'idée en Iran, ces derniers sont soumis à des interrogatoires allant jusqu'à 8 heures par jour et quelques fois ils sont jetés ensemble dans des pièces exiguës où ils ne peuvent pas même pas dormir. Ils peuvent être pendus par les bras pendant une journée entière, sans boire ni se reposer.

 

Par rapport à l'Eglise d'Iran (http://www.eglisediran.org/), le ministre des Renseignements, M. Moslehi (http://www.saharnews.ir/view-12634.html) s'est cru obligé de sortir de sa réserve pour qualifier, au cours d'une conférence de presse, ce mouvement de "secte"  d'apparence chrétienne mais servant en réalité les intérêts sionistes. Il s'agit là d'une grave accusation qui vise à légitimer, aux yeux de l'opinion publique, les sentences les plus graves contre les prisonniers.

 

Cela fait des années que le régime iranien tente de préparer l'opinion publique à l'idée d'une répression des chrétiens témoignant du pouvoir, en évoquant des collusions entre le mouvement évangélique et le sionisme pour "christianiser" l'Iran.

 

Si jusqu’à présent, par rapport à l’Eglise d’Iran, il s’agissait de lutter contre une "petite secte" d’origine arménienne ou azerbaïdjanaise, selon les termes utilisés dans la presse du pouvoir, désormais il y aurait impératif de réprimer un mouvement d’ampleur national et d’inspiration sioniste.

Cette évolution sémantique est d’autant plus inquiétante que le pouvoir actuel entretient une culture antisémitique.

Source : Contacts locaux en Iran.

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